Croisière sur le Mékong
L'Indochine II
Notre bateau, l'Indochine II, a été construit au Cambodge en 2017 spécialement pour Croisieurope .Je ne trouve pas son nom de baptême particulièrement heureux, puisqu'il fait référence à une entité coloniale purement Française contre laquelle le régime actuel du Vietnam s'est longuement battu. Mais c'est un joli bateau, beaucoup plus élégant que la plupart des bateaux de rivière habituels.
Nous sommes accueillis à bord par le directeur de croisière, qui nous donne les principales informations sur le bateau et l'organisation de la croisière en général. Son assurance est communicative et nous donne une bonne impression sur la qualité de l'organisation, impression qui se confirmera par la suite pour toute la partie fluviale de la croisière.
Les cabines sont très confortables, avec un balcon qui nous permettra d'observer à loisir la vie sur le fleuve. Le soir, on découvrira le seul défaut notable : le concepteur a placé les bouches de ventilation au bout du lit, quelques centimètres au dessus de la tête des dormeurs. Très inconfortable !
Le reste est impeccable.
Parcours de la croisière
Le bateau devait nous mener de Ho Chi Minh ville jusqu'à Siem Reap, la ville la plus proche d'Angkor, mais le lac Tonlé Sap est en basses eaux, ce qui ne permet pas à l'Indochine II de l'emprunter jusqu'au bout.
Au départ de Ho Chi Minh ville, nous emprunterons le Mékong, puis le canal de Chao Gao, qui évite la traversée du delta du Mékong. Ce canal a été construit par l'Amiral Duperré en 1875 pour permettre le développement de la culture du riz et faciliter son exportation. Il fut entièrement creusé à la main.
Nous reprendrons ensuite le cours du Mékong jusqu'à Phnom Penh.
Là nous quitterons le Mékong pour le Tonlé Sap jusqu'à Kampong Chnnang, d'où nous rejoindrons Siem Reap par la route.
Au cours de la croisière nous emprunterons à plusieurs reprises des bateaux locaux pour passer par des canaux étroits et visiter de petits villages, ainsi que des bus pour aller un peu plus loin que les bords du fleuve.
La journée commence par une intéressante discussion avec les guides qui nous éclairent sur la géographie, l'économie et la vie culturelle au Vietnam.
Une des données de base est la croissance très rapide de la population dans les années 1970/1980 qui mène aujourd'hui à une population de près de 100 millions d'habitants (doublement par rapport à 1950). En conséquence, la densité territoriale est de 290 habitants par m2 (presque trois fois plus que la France). Comme une bonne partie du territoire est très peu habitée (zones montagneuses, zones inondables et zones polluées par l'agent orange utilisé pendant la guerre par les Américains, 80 millions de litres ont été déversés, ce qui rend stérile les sols dans toute la partie où passait la piste Ho Chi Minh). On comprend donc la densité de population que nous avons pu observer à Hanoï et à Saigon.
Sur le plan économique, le pays a souffert des guerres successives : guerre Nord/Sud du temps des Français, Guerre contre les Américains, guerre contre les Kmers rouges dans la zone frontalière sud ouest,en décembre 1978 et janvier 1979, guerre avec la Chine dans les zones frontalières Nord est du 17 février au 16 mars 1979 .
C'est donc il y a seulement 30 ans que le Vietnam a retrouvé des conditions normales sur le plan économique.
Son PIB par habitant a été inférieur à 1 000 $ par habitant jusqu'en 2007, ce qui traduisait une très grande pauvreté. Il a augmenté régulièrement par la suite pour atteindre 3656 $ en 2011, soit plus que le Laos et le Cambodge, mais moité de la Thaïlande.
L' agriculture représentait plus de 40 % du PIB il y a quelques années et représente aujourd’hui moins de 20%. Le riz constitue l'essentiel des exportations agricoles. Température élevée + humidité sont évidemment des facteurs favorables pour la riziculture. Dans certaines régions, les Vietnamiens arrivent à faire trois récoltes par an. Les autres activités majeures pour le PIB sont le charbon (mines à ciel ouvert près de Halong), le pétrole et les produits manufacturés nécessitant beaucoup de main d' oeuvre.
Quand on aborde le régime politique, nos guides deviennent plus prudents (d'autant plus qu'ils appartiennent à l'agence Saigon Tours, qui est gouvernementale). La cohabitation entre un régime communiste de type soviétique et une activité économique très libérale restera donc un mystère pour nous. On devine quand même qu'il y a des circulations d'argent discrètes entre les fonctionnaires et les acteurs économiques. C'est quasiment officiel pour les agents de police, pour qui les verbalisations constituent un revenu complémentaire. Cela doit se faire à plus grande échelle pour les gros investissements.
Pendant ce temps, le bateau remonte le Mékong, sur lequel il règne une grande activité.
On aperçoit des barques de pécheurs chargées de nasses.
Nous croisons un grand nombre de péniches chargées de remblai. Ce remblai est à destination des projets de construction dans la région de Saigon.
D'une façon générale, les péniches sont chargées à ras bord.
La circulation est intense et les bacs traversiers doivent viser juste pour aller d'une rive à l'autre.
My Tho
Après un déjeuner pris en formule buffet sur le bateau, celui ci se met à l'ancre et nous prenons un bateau local pour nous rendre sur une des îles en face de My Tho, grande ville qui marque le début du delta du Mékong.
Nous empruntons des barques à fond plat pour gagner une ferme d'apiculture organisée pour les visites touristiques, avec dégustation de gelée royale, thé au miel et vente de produits locaux. Sympathique, mais pas inoubliable.
Par contre, de retour sur le Mékong, le spectacle est permanent, avec toute une vie qui se concentre autour du fleuve :